Le rôle des clercs ou greffiers au temps des gouverneurs-attournés à Compiègne (XIVe – XVIIe siècle)
Conserver les archives de la commune pour garantir la preuve des droits de la communauté et gérer les biens est une préoccupation fort ancienne à Compiègne.
Si la charte de commune de 1153, le plus ancien document encore conservé par la Ville, n’évoque pas la question de la conservation des titres et actes, la charte de Philippe le Long de 1319 qui supprime la commune de Compiègne la remplaçant par une prévôté sur demande des habitants – organise notamment la gestion des archives.
Parmi les principaux officiers qui constituaient alors le corps municipal chargé de la gouvernance de la ville se trouvaient les clercs également appelés greffiers (surtout à partir du XVIe siècle). Ces bourgeois se voient alors confier la charge des archives.
Jacques Allart, l’un d’entre eux, se présenta ainsi pour ouvrir le registre des délibérations à la Saint-Jean 1544 « nottaire royal audit Compiègne, concierge et garde des chartres, tiltres, comptes et enseignements de l’hostel de ville, estans ès-archives ».
Le clerc était le secrétaire des gouverneurs-attournés au nombre de trois ou quatre chargés essentiellement d’assurer la sécurité de la ville et de gérer les biens communs.
Son travail consistait en la tenue des livres de comptes gérés par le receveur, le suivi des marchés conclus et surtout en la consignation des décisions prises dans les registres des délibérations de la ville.
Mémoire de la ville de Compiègne, le clerc était logé au sein de la maison commune, l’hôtel de ville à partir du XVIe siècle, dont il était le gardien et concierge. Sous sa garde étaient rassemblés tous les biens communs dont les archives mais aussi le mobilier, les armes ou munitions, les chandelles… !
Les archives dans la cité (XIVe – XVIIIe siècle)
Des archives ambulantes
Jusqu’à ce que la ville de Compiègne se dote d’une maison commune en 1367, les archives ont vraisemblablement accompagné l’assemblée municipale au gré de ses déplacements dans la cité. Le lieu même de réunion demeure incertain. Les premières assemblées se sont vraisemblablement tenues, d’après M. Carolus Barré, au lieu-dit le Cour-le-Mayeur, situé près de l’église Saint-Jacques puis aux halles, centre de la vie commerciale et municipale sans pour autant être fixées à un seul endroit.
Une première maison commune
A partir de 1367, les gouverneurs-attournés louèrent une maison avec dépendance ou deux maisons mitoyennes (selon les sources) près de l’hôtel de la Cloche. Le propriétaite, un dénommé Jean Loutrel, décida de les légua par testament à la ville en 1397. Bien qu’en mauvais état, les Compiégnois ont désormais leur « hostel commun ». Ces maisons étaient situées sur la place du Marché-au-Blé, vis-à-vis du beffroi et en face de l’abbaye Saint-Corneille, à l’emplacement même de l’actuel hôtel de ville.
Elles servirent essentiellement au stockage de l’artillerie, des poudres et … des archives !
Un incendie accidentel eu lieu en mars 1466, éteint avec difficulté. Devant l’état du bâtiment, la construction d’un nouvel édifice s’imposa à la fin du XVe siècle.
L’hôtel de ville
L’édification de l’Hôtel de ville s’achève progressivement entre 1511 et 1530 avec la fin des travaux d’élévation de la tour distendue rectangulaire formant beffroi. Compiègne connait alors de nouveau la prospérité après un XVe siècle particulièrement désastreux pour la ville.
Les archives de la cité sont désormais, et pour près de quatre siècles, conservées au sein de cet édifice, symbole d’une nouvelle puissance urbaine.
Peu d’informations précisent les conditions de conservation avant le XIXe siècle, à l’exception d’une commande d’un coffre en 1503 afin de préserver les pièces majeures (CC 35, folio 142) et de leur déplacement partiel au grenier en 1551 (BB, 21).
Une mise en ordre progressive (XIXe – XXe siècle)
En 1839, le sous-préfet presse le maire de Compiègne afin qu’un inventaire raisonné des archives soit réalisé pour éviter « la perte ou la détérioration qui serait funeste aux droits des administrés, aux intérêts de l’histoire nationale »
En 1862, suite à une inspection de l’archiviste départemental, la sous-préfecture de Compiègne exprime son inquiétude quant à l’état de conservation des archives. Il regrette, malgré la richesse du dépôt, la dissémination des documents.
M. Henri de L’Épinois, ancien élève de l’École des Chartes, est alors immédiatement missionné pour inventorier les archives anciennes de la ville. Son travail a consisté en l’inventaire de 295 registres et plus de 6 000 pièces. Cet inventaire réalisé en quelques semaines demeure inachevé.
De 1906 au début des années 1980, les archives sont sous la responsabilité d’un conservateur, directeur des bibliothèques et des archives.
Jusqu’en 1959, les archives les plus précieuses sont conservées avec les ouvrages de la bibliothèque au sein de l’hôtel de ville.
De 1959 à 1979, elles occupent, seules, les rayonnages laissés libres du 2ème étage (les ouvrages ayant été déplacés vers la nouvelle bibliothèque Saint-Corneille) ainsi que les combles. 800 mètres linéaires d’archives sont alors conservés.
En 1979, trop à l’étroit, le service des archives se voit affecter le deuxième étage de l’hôtel de la Cloche, mitoyen de l’hôtel de ville.
En 1991, les archives municipales quittent l’hôtel de ville pour l’Espace du Puy du Roy où elles y resteront pendant près de 30 ans.
Des aménagements intérieurs en 1998 et 2005 permettent d’augmenter la capacité de conservation, mais les magasins arrivent rapidement à saturation.
En attendant un nouveau bâtiment plus adapté aux besoins d’une ville de 40 000 habitants (et à ceux de son Agglomération), une annexe est affectée aux Archives pour conserver les archives éliminables à terme. Ce site est situé rue de Vermandois.
Les archives quittent ces espaces à l’automne 2018 pour rejoindre les Hauts de Margny.